Basilique Saint-Sernin
D'une fleur de corail que le soleil arrose
C'est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C'est peut-être pour ça qu'on te dit Ville Rose
Claude NOUGARO : "Toulouse"

Basilique Saint - Sernin
(Reproduction de la notice distribuée aux touristes dans la basilique pour guider leur visite, éditée par le Comité de presse Saint-Sernin - 13, Place Saint-Sernin à 31000 TOULOUSE)
HISTORIQUE
Une modeste basilique fut érigée au Ve siècle, au dessus de sa sépulture (le nom de saint Sernin est une transposition occitane de Saturnin). L'exceptionnelle popularité du martyr toulousain contribua vite à l'afflux des pélerins.
La communauté de chanoines qui assurait la garde des reliques se vit contrainte de voir très grand pour mieux accueillir les pèlerins. Ainsi fut élevée au XIe siècle la basilique actuelle. L'essor du pélerinage de Compostelle ne tarda pas à faire de Toulouse une étape incontournable. L'autel, le chevet et le transept furent consacrés en 1096 par le pape Urbain II. Mais la construction se poursuivit tout au long du XIIe siècle. Les constructeurs utilisèrent d'abord la pierre et la brique, jusqu'à la hauteur des tribunes. Mais la cherté de la pierre les contraignit à n'utiliser que la brique dans les parties hautes de l'édifice. Un magnifique cloître et une importante abbaye flanquaient le nord de la basilique. Tou fut rasé au-cours des premières années du XIXe siècle. Le musée des augustins recueillit alors une partie des sculptures.
Vers le milieu du XIXe siècle, l'architecte Viollet-le-Duc réalisa une longue série de restaurations. Elles furent reprises par le service des monuments historiques entre 1968 et 1998.

VISITE
Il est préférable de commencer la visite à l'extérieur et par le ***chevet***. Il est dominé par un imposant clocher octogonal à cinq niveaux d'***arcs***. Une admirable harmonie se dégage de l'étagement des masses : les cinq chapelles ouvrant sur les bras du transept ... et la ligne continue des fenêtres des ***tribunes***.
Dirigeons-nous vers le croisillon sud du ***transept***. Le double portail formant la "porte des comtes" présente un ensemble de ***chapiteaux*** caractéristiques des premiers balbutiements de la sculpture romane.
En allant de la droite vers la gauche, nous reconnaissons sur les deux premiers chapiteaux la parabole de Lazare et du riche (Luc 16 19-31). Sur le troisième chapiteau, un homme est assis entre deux monstres dévorant sa tête. Le dernier chapiteau de la porte de droite et le premier de la porte de gauche sont identiques et représentent un personnage central, les bras levés soutenus par deux hommes.
Les trois autres chapiteaux du portail de gauche sont consacrés aux supplices infernaux.
Avançons-nous jusqu'à la porte Miégeville qui donne accès à la nef de la basilique. Elle est précédée d'une porte Renaissance, seul vestige de l'enceinte qui entourait autrefois l'abbaye.
Le ***tympan*** de la porte Miègeville a pour thème l'ascension du Christ au milieu des anges. Au linteau, les apôtres lèvent la tête vers le ciel. De part et d'autre du tympan apparaissent deux hauts reliefs : à gauche, saint Jacques ; à droite, saint Pierre.
Les ***chapiteaux*** représentent, de droite à gauche : des lions emprisonnés dans des lianes ; Adam et Eve chassés du Paradis ; l'Annonciation et la Visitation ; le massacre des Saints Innocents.
Continuons jusqu'aux portes occidentales dont les ***chapiteaux*** sont ornés de lions enfermés dans des végétaux, et aussi de figures simiesques grimaçant dans une étrange forêt.
Franchissons maintenant le ***narthex*** pour admirer la beauté de la ***nef***. L'ampleur du vaisseau est absolument saisissante. Flanqué de doubles ***collatéraux*** qui lui donnent une largeur totale de 32 mètres 50, il se développe sur une longueur de douze ***travées***.
La ***voûte*** en ***plein cintre***, raidie par des ***arcs doubleaux*** retombant sur des demi-colonnes engagées, est contrebutée latéralement par les ***voûtes*** en quart de cercle des tribunes.
Mais cette force tranquille qui pacifie le visiteur de la maison de Dieu n'est pas le résultat du seul jeu abstrait de l'équerre et du compas. Elle résulte aussi du merveilleux travail de plusieurs génértions de sculpteurs, de peintres, d'orfèvres et d'ébénistes que nous allons peu à peu découvrir au fil de notre visite.
Laissant devant nous les ***stalles*** des chanoines (XVIIIe siècle), nous tournerons nos pas vers la gauche et pénètrerons dans le ***croisillon*** nord du transept. Les travaux de décapage intérieur (2ème moitié du XXe siècle) ont permis la découverte de freques romanes d'un intérêt tout à fait exceptionnel.
Le ***choeur***, fermé par une grille de fer forgé, a reçu au XVIIIe iècle un décor baroque destiné à glorifier la tombe de saint Saturnin.
Le moulage de l'autel, consacré en 1096 par Urbain II permet de se faire une idée de la beauté de l'original situé au centre du carré du transept.
Le parcours du ***déambulatoire*** permet d'admirer l'important ensemble de ***retables***, d'armoires et de reliquaires en bois peint et doré disposé entre les cinq ***chapelles***. Sur le mur intérieur du déambulatoire ont été fixés sept bas-reliefs de marbre : un Christ en majesté entouré d'un chérubin et d'un séraphin ; deux apôtres et deux anges. Ils sont de l'atelier de Bernard Gilduin, qui signa la table d'autel de 1096.
Les cryptes renferment de nombreux reliquaires et plusieurs pièces d'orfèvrerie, heureuses rescapées des réquisitions révolutionnaires. On remarquera la belle plastique des six statues d'apôtres en bois polychrome du XIVe siècle.
UNE IMPRESSIONNANTE UNITE D'OEUVRE
Les travaux s'étalèrent de 1070 au XVIe siècle, et pourtant jamais on acheva les tours occidentales. L'édifice est d'une parfaite cohérence, puisque les constructeurs respectèrent le projet initial bien au-delà de la période romane. Par sa structure, Saint Sernin appartient à la famille des églises dites "à reliques et à pélerinages" : vaste nef flanquée de collatéraux, large transept saillant, choeur profond entouré d'un déambulatoire avec chapelles rayonnantes.Longue de 115 mètres et large de 64 mètres (à la hauteur du ***transept***), Saint Sernin reste la plus grande basilique romane du monde encore debout ... et sans doute la plus belle.
Son clocher, de plan octogonal, révèle deux étapes de construction : une étape romane, reconnaissable à ses trois niveaux d'ouverture en ***plein cintre*** ; une étape gothique, avec ses deux niveaux d'ouvertures en ***arc en mitre***, surmontés d'une flèche sommée d'une croix dominant l'édifice à 65 mètres.
Le ***transept*** était accessible par chacun des croisillons. Seul a été conservé le double portail du croisillon sud appelé "porte des comtes", à cause de l' ***enfeu*** des comtes de Toulouse qui le flanque..
La porte Miègeville ouvre sur le flanc sud de la basilique. La porte restaurée, sur le flanc nord, donnait accès autrefois au cloître de l'abbaye. Sur la façade ouest, le corps central comprend un double portail surmonté de cinq arcs et d'une grande rose, qui aurait dû recevoir un ***remplage*** gothique si le massif occidental avait été achevé.
LA ROUTE DU SUD
Après la résurrection du Christ, les apôtres, ses disciples, partirent évangéliser le monde. L'évangélisation de la péninsule ibérique fut attribuée par la légende à saint Jacques.Sa sépulture fut miraculeusement découverte, vers 820-830 en Galice, et les chrétiens d'Espagne firent de saint Jacques le porte drapeau de la reconquête des territoires occupés par les Maures musulmans.
Faire voeu de pélerinage, c'était se lancer dans une dangereuse aventure avec foi et courage. Les routes suivies étaient jalonnées de lieux sanctifiés par des reliques précieuses ou par des manifestations surnaturelles. Les pélerins de Compostelle étaient reconnaissables à leur bâton de marche (bourdon), et à la coquille qu'ils accrochaient à leur chapeau.
Venus de toute l'Europe, les chrétiens empruntaient l'un des quatre itinéraires principaux permettant de franchir les Pyrénées pour atteindre Compostelle.
Le plus méridional, partant de la vallée du Rhône, était appelé "Via Tolosana" à cause du passage obligatoire par Toulouse. Les chemins de pèlerinage ont été déclarés par le Conseil de l'Europe, en 1987, "premier itinéraire culturel européen". En 1998, ils ont été inscrits au patrimoine mondail de l'UNESCO sous la forme d'une série de monuments individuels d'une importante signification historique définissant le tracé des routes de pèlerinage en France (déjà l'Espagne avait obtenu en 1993 l'inscription du chemin de Saint-Jacques à partir des cols pyrénéens)..
De ce fait, la basilique Saint-Sernin est entrée dans le cercle prestigieux des monuments classés par l'UNESCO sur la route la plus méridionale vers Compostelle.
LES RELIQUES
Toute l'architecture et l'histoire de la basilique Saint-Sernin ne peuvent être comprises hors de deux réalités religieuses :- le pélerinage
- le culte des reliques
La foi médiévale avait une forte percetpion de la réalité du péché. Une grande préoccupation de la mentalité religieuse était pour chacun de faire son salut, malgré ses péchés, et de passer, au moment de sa mort, de ce monde en paradis, évitant la damnation éternelle.
Les pélerinages et la vénération dont étaient entourées les reliques pouvaient être un moyen d'expier des fautes parfois lourdes. Ils avaient le plus souvent pour but de solliciter la protection et l'intercession puissante des saints les plus réputés et les plus populaires, à l'occasion de toutes les circonstances importantes de la vie, ainsi que de remercier pour un bienfait obtenu.
Le Déambulatoire :
La basilique Saint-Sernin fait donc partie de ce type d'églises que l'on appelle "église de pélerinage", par son plan caractéristique : deux doubles collatéraux de part et d'autre de la nef centrale, puis un déambulatoire, dispositif permettant la circulation des pélerins sans perturber les offices des chanoines. Le déambulatoire, au chevet de l'église, entoure le tombeau de saint Saturnin élevé sous le baldaquin baroque qui remplaça, au milieu du XVIIIe un premier baldaquin gothique élevé au XIIIe siècle.Le "Tour des Corps Saints"
Ce déambulatoire, dont les piliers et les colonnes s'ornent de chapiteaux les plus anciens de la basilique, est appelé "tour des corps saints" car il présente à la vénération des fidèles une part des nombreuses et précieuses reliques que possède la basilique. Dans le mur extérieur des six travées du déambulatoire, entre les cinq chapelles rayonnantes, ont été creusées des niches destinées à accueillir les reliques des saints les plus populaires. Les armoires sculptées et dorées, installées au XVIIe siècle dans les chapelles voisines, renferment les reliquaires de ces mêmes saints. La chapelle d'axe, dédiée au Saint-Esprit conserve des statues du XVIIe siècle et un autel de Viollet-le-Duc.En face, sur le mur extérieur de la crypte, ont été encastrés sept bas reliefs de marbre : un séraphin et un chérubin, ainsi que deux apôtres et deux anges encadrent un exceptionnel Christ en majesté entouré des symbôles des quatre évangélistes. Ce bas-relief, dont le style s'inspire des ivoires carolingiens, est contemporain du maître-autel roman consacré en 1096.
Les cryptes
La plupart des reliquaires et des oeuvres d'orfèvrerie constituant le trésor de Saint Sernin ont disparu pendant la révolution. On trouvera cependant dans la crypte supérieure la châsse de saint Honoré en cuivre argenté, vers 1517.En face sont rassemblés les objets les plus anciens du trésor : notamment le reliquaire de saint Saturnin (début du XIIIe siècle) et le reliquaire de la Vraie Croix, en émail de Limoges (fin XIIe siècle).
La crypte inférieure présente dans ses six chapelles les châsses de plusieurs apôtres, de saint Edmond et de saint Gilles, ainsi que le reliquaire de la Sainte Epine. Dans les quatre vitrines murales on pourra voir les diverses pièces d'orfèvrerie religieuse du XIXe siècle. Au bas de l'escalier sont placées six statues d'apôtres en bois polychrome, datant du XIVe siècle.
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Peintures romanes de la basilique Saint-Sernin
Basilique Saint Sernin sur YouTube