Abbayes cisterciennes en Midi-Pyrénées (XIIe - XIIIe)
Du fait des aléas ravageurs de l'histoire et surtout des passions humaines destructrices (guerre de Cent ans, guerres de Religion, institution de la Commende, désastreux effets de leur vente comme biens nationaux par la révolution française), beaucoup de ces édifices construits pour isoler les moines du monde et leur permettre de vivre de travail et de prière ("ora et labora" selon le principe bénédictin) ont été abattus, démontés, revendus pierre après pierre pour le seul enrichissement de spéculateurs qui ont laissé dans l'histoire le nom infâmant de "bande noire", contre lesquels dès 1825 s'élevait le jeune Victor Hugo dans un article célèbre intitulé "Guerre aux démolisseurs".
L'Occitanie n'échappa malheureusement pas à ces excés (destruction de l'abbaye de Granselve à Bouillac 82, de l'abbaye de Bouillas à Pauilhac 32 ...), mais comme se plaisent à le rélever les auteurs, spécialisés dans des proportions moindres que dans d'autres régions du pays ; aujourd'hui, alors que le sentiment patrimonial s'est heureusement imposé, beaucoup de ces fondations cisterciennes, notamment celles reprises par des collectivités publiques comme Notre-Dame de l'Escaladieu dans les Hautes-Pyrénées, Notre-Dame de Belleperche dans le Tarn-et-Garonne, Notre-Dame de Flaran dans le Gers , remarquablement restaurées avec le concours des Bâtiments de France, sont devenues des lieux prestigieux d'animation culturelle et figurent au rang des sites touristiques les plus visités.
Certaines de ces fondations sont toujours habitées par des communautés de moines (Ste Marie du Désert à Belleperche-Ste-Marie 31) et moniales cisterciennes de la stricte observance (Notre-Dame de Bonneval à LE CAYROL 12, Notre-Dame de Boulaur à BOULAUR 32), qui perpétuent la vie austère de travail et de prière dans la tradition initiée à Cistel en Bourgogne par l'Abbé Robert de Molesmes et ses prieurs Aubry et Etienne Harding en 1098, que le jeune Bernard de Fontaines (Saint Bernard) transfigura en épopée humaine par son extraordinaire passion au service d'une foi ardente, lorsqu'il intégra les rangs cisterciens en 1115 ; c'est d'ailleurs lors des croisades pacifiques de Saint-Bernard en Occitanie dans le première moitié du XIIe siècle, venu vainement prêcher la bonne parole contre les Parfaits Cathares lors de joutes oratoires célèbres dont l'histoire a gardé le souvenir, que nombre d'abbés bénédictins affilièrent leur abbaye à Cîteaux, devenant ainsi filles de Clairvaux, dont Bernard était l'emblématique abbé.
Voici la liste de ces fondations des XIIe et XIIIe siècle, telle qu'on la retrouve dans l'ouvrage collectif "Anciennes Abbayes en Midi-Pyrénées - Des solitudes habitées", édité par "Randonnées Pyrénéennes - Addocc Midi-Pyrénées" - 2ème édition - 1991.